Jour 39

Des ruisseaux s'écoulaient rapidement dans les ornières que les trombes d'eau avait creusé depuis le matin. Une véritable tempête s'était levé au dessus des territoires humides du Clan de l'Ombre. L'épaisse couche de nuage d'orage ne laissait rien paraitre de l'existence du soleil qu'elle cachait. La terre sèche qui se mêlait habituellement avec les touffes d'herbe et la roche était désormais que de la boue où les pattes s'enfonçaient à chaque pas. À travers le voile de pluie, dans le lointain des pins qui bordes le camp, l'on pouvait distinguer la silhouette des montagnes. Ces formes l'absorbaient, l'attiraient et lui murmuraient de les rejoindre. Il devait y aller. La réserve de gibier était vide, raison de plus pour sortir, personne lui en voudrais. Mais pendant les deux semaines de son rétablissement, il n'avait pas arrêté de penser à ces foutus montagnes. Quelque chose l'appelait là-bas. Un ancien derrière lui, qui sortait alors de la tanière des anciens, se mit à bougonner du temps qui, d'après lui, était catastrophique sous la sphère, et qu'il ne restait que de vieilles proies abimées par la pluie. Le guerrier se mit en route, marchant sur le matelas d'aiguille, la végétation ne le protégeant qu'à moitié du déluge qui faisait rage. À mesure de sa progression, les arbres se faisaient de plus en plus rare autour de lui, les rochers commençaient à se profiler dans la brume qui se levait.  Autour de lui, le décor était fantomatique. Les montagnes qui s'élevaient désormais autour de lui l'oppressaient, l'angoissaient, sans pour autant lui faire peur. Il se sentait comme chez lui. Il était comme prisonnier dans cette scène. Les gouttes d'eau s'écrasaient sur la roche dans un bruit sec, comme pour lui rappeler qu'il n'était pas en sécurité ici, au pied de pentes d'où des pierres ne demandaient qu'à débouler sur lui. Mais rien ne le perturbait. Quelque chose le calmait malgré le lugubre de la scène. Comme une présence imperceptible. Un corps ou un esprit qui lui murmurait qu'il n'était pas en danger, qu'il avait bien fait de venir, et qu'il ne devait pas le quitter. Et cet esprit ne relâchait pas son étreinte autour de celui de Chien. Un énorme coup de vent glacé réveilla soudainement Chien de son semi sommeil. Soudain, un brouhaha assourdissant se fit entendre du sommet au pied duquel le guerrier marron se trouvait. En levant les yeux, il eut soudainement l'impression que le temps s'était arrêté. Des rochers étaient suspendu dans le vide à une vingtaine de mètres au dessus de lui. Au sommet de la montagne, un morceau du flanc de celle ci s'était arraché.  Sans plus réfléchir, Chien Balafré sprinta sur sa gauche, sans se retourner, ou se demander si il avait survécu ou si il était en train de courir sur les terres du clan des étoiles. Un tonnement lui répondit. Il s'arrêta, se retourna, et observa; les blocs de roches qu'il avait vu à l'instant en chute libre étaient désormais encastré dans le sol. Juste les plus petits d'entre eux avait continué leur route sur la faible pente. Lorsqu'il s'arrêtèrent enfin en contrebas, Chien aperçu parmi eux le cadavre d'un lapin des neiges. La pluie avait cessait de tomber; mais désormais, il ne ressentait que l'envie de fuir le lieu qui aurait pu être celui de sa mort.

Rp fini/mort je verrouille