Colère des Cieux marchait, songeur. Voilà plusieurs jours qu'il avait quitté le Puits de Lune. Dès qu'il était seul, il réfléchissait à la prophétie qu'il avait reçu. Il se forçait à y réfléchir, car le matou refusait de croire ce qu'on lui avait dit. Celle que tu recherche n'est pas ici. Cette phrase lui martelait l'esprit, encore et encore et encore. C'est sans doute ce que l'on appelle une dépression. Mais son Clan avait besoin de lui, il ne pouvait se permettre de se laisser aller, alors, il réfléchissait à la prophétie. Cela l'occupait d'ailleurs bien, puis qu'en ce moment, il n'avait pour ainsi dire, rien à faire.

Une odeur nauséabonde le tira de ses pensée : l'odeur de la maladie. Un chat malade dans le coin ? Le matou s'empressa d'aller voir et ce qu'il vit le cloua sur place. Une chatte brune au bout de la queue rouge qui semblait dormir.

- Par le Clan des Étoiles !

Le matou se précipita sur la femelle et la renifla, pas de blessure apparente. Fatigue passagère ? Un autre odeur désagréable. La femelle avait vomit pas très loin. Visiblement, à son odeur, ce n'est qu'une solitaire. Pourquoi dormait-elle ici ? Elle était en danger, si elle tombait sur une patrouille. Le matou bicolore ne veux pas avoir une mort sur la conscience, alors il secoua doucement la femelle brune de la patte.

- Heu... Solitaire ? Hey, solitaire, réveille-toi ! Si tu tombe sur une patrouille, tu es mal. Va-t-en ailleurs pour dormir.

Il avait parler expressément avec une voix douce et lente, signifiant ainsi qu'il n'avait aucune mauvaise attention envers elle. Il était guérisseur après tout, son but est de sauver des vies.

Mâra ouvre difficilement un oeil en sentant un contact sur son épaule. De ce qu'elle peut voir, un énorme matou bicolore lui fait de grands signes en lui parlant d'une voix supposément persuasive. Elle a la sensation d'avoir une cascade dans les oreilles tant sa perception des choses est trouble.

- Nous sommes mal en point, lui dit le Rouge.
- Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, lui répond-elle. Comme souvent lorsqu'elle s'adresse à son esprit, Mâra se rend compte qu'elle a parlé à haute voix. L'autre matou s'est arrêté de gesticuler et il la regarde maintenant.

La solitaire secoue lentement la tête pour s'éclaircir les idées. Ses souvenirs des derniers jours sont assez brumeux, mais elle se souvient bien d'avoir marché vers les Clans avec une idée bien précise en tête. La dernière fois que ça lui était arrivée, elle était passée pas loin de l'Ombre et avait assisté à la mort d'une vieille Solitaire. Peut-être avait-elle suivi le même chemin? Auquel cas elle serait sur le Territoire du moins amical des Clans, si l'on enlevait les Ténèbres.
Pourquoi se retrouvait-elle ici? Il lui semblait que le sentiment d'un danger l'y avait poussé. Ce mal de crâne, peut-être. Est-ce qu'il durait depuis plusieurs jours? Pourquoi ses pattes étaient-elles si faibles, pourquoi respirer lui semblait aussi difficile que de soulever un gros caillou?
Il y avait le souvenir de cette Solitaire, Eria, visiblement malade. Oui, c'était peu après l'avoir quittée que Mâra avait commencé à se sentir toute chose. Elle l'avait prit à la légère mais le Rouge, plus lucide qu'elle, lui avait enjoint de trouver un Guérisseur, menaçant de prendre le contrôle de son corps si elle ne s'exécutait pas. 
- J'ai bien fait.
Oui, il avait bien fait, mais la jeune Solitaire ne se sent pas capable de réfléchir plus en avant là-dessus. Elle veut se lever, mais le sol se renverse sous ses pattes et elle chute sans comprendre ce qui lui arrive. Ses yeux lui font mal, et elle se sent tout près de pleurer.

- Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, répéte-t-elle à l'intention du gros matou. Tout est chaud et poisseux, et je n'arrive pas à trouver le bon sens. Que puis-je faire? Hein?

Colère des Cieux s'était assis et observait calmement la femelle. Sa longue queue touffue était entourée à ses pattes et son bout s'agitait calmement, montrant à quel point il avait de la peine pour la femelle. D'abord, celle-ci parla toute seule, ce qui lui sembla, vu qu'elle ne le regarda pas. Ça arrivait à tout le monde après tout. Enfin, la chatte brune le regarda et lui parla. Sa voix lui semblait faible et il dut se pencher sur elle pour l'entendre.

- Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Tout est chaud et poisseux, et je n'arrive pas à trouver le bon sens. Que puis-je faire? Hein?

Sans rien ajouter, le matou se décida à l'examiner. Il la renifla précautionneusement et énuméra les symptômes de la maladie. Elle à chaud. Elle est fiévreuse, elle est fatiguée, elle vomi, et semble avoir perdue des force. Soudain, le matou se figea. Il frissonna, ayant des sueurs froides dans le dos. Trois symptômes du Mal Noir. Brise d'Été lui en avait parlé, bien qu'il n'avait jamais eût de cas à soigner. Cette maladie mortelle et hyper contagieuse, si elle n'était pas soignée rapidement, la solitaire pourrait y rester et elle semblait déjà bien malade.

- Solitaire ? Tu as attrapé le Mal Noir, tu as du rencontré un chat qui l'avait ou bien être en contact avec un cadavre en putréfaction. Je dois te soigner tout de suite, sinon, tu n'en réchapperas pas.

Sans vraiment laisser le temps à la femelle de protester, le matou le prit et la porta sur son dos, il n'avait pas peur de tomber malade, il ne pouvait laisser une femelle dans cette état. Et si c'était une patrouille qui l'avait rencontrée ? Une patrouille entière contaminée. Le Clan n'avait guerre besoin de ça.

Mâra laisse sans broncher la bête lui renifler la truffe, puis le corps. Elle a compris, maintenant, qu'elle est malade et qu'elle devrait éviter les efforts inutiles. À plusieurs reprises déjà elle a connu de petits refroidissements et moments de faiblesses, dus à une mauvaise alimentation ou de trop longs passages dans le froid après s'être mouillée, par exemple. Elle s'en est toujours sortie avec un bon jeûne, du repos et beaucoup d'eau. Il n'y a pas raison qu'il s'agisse d'autre chose que d'une grosse fièvre, même si elle ne s'attendait pas à se trouver aussi mal.
Elle sent que le Rouge est inquiet mais n'a pas envie d'écouter son pessimisme.
Le matou la ramène à la réalité:

- Solitaire ? Tu as attrapé le Mal Noir, tu as du rencontré un chat qui l'avait ou bien être en contact avec un cadavre en putréfaction. Je dois te soigner tout de suite, sinon, tu n'en réchapperas pas.

Comme un coup de massue. Mâra ne se sentit même pas réagir. Le mal noir, elle ne savait pas ce que c'était. Mais la référence à un cadavre en putréfaction lui faisait venir des images morbides en tête. Elle n'avait pas le souvenir d'en avoir rencontré. En hiver il y a toujours des petits cadavres d'animaux mais il ne lui semblait pas s'en être approchée outre mesure. Qu'est-ce que c'était cette histoire qui lui tombait sur l'échine?
- La Solitaire malade, c'est elle qui t'a contaminée.
Oui, bien sûr, Eria avait l'air si mal en point, ça devait être elle.
- Je t'avais dit que fréquenter les autres ne t'apporterait que des problèmes.
Et maintenant on voulait la sauver, alors autrui ne devait pas être si dangereux?
À sa grande surprise, elle se sentit quitter le sol. Celui-ci se met à défiler sous sa truffe, avec une apparence de rapidité qui lui donna à nouveau la nausée. Elle ferma les yeux pour ne pas se laisser envahir par la peur.
- Tu es... Est-ce que tu es un Guérisseur? demanda-t-elle faiblement.

Colère des Cieux s'assura que la femelle ne risquait pas de tomber lorsqu'il marcherait et fit un petit essai. Elle était bien installée, elle ne risquait pas de tomber. Le matou espérait que leurs chaleurs corporelles ensemble feraient un peu tomber la température de la solitaire. Il l'espérait de tout cœur. Le guérisseur songea un instant à ramener la solitaire malade au camp. Elle risquait de contaminer tout le monde, et le guérisseur ne voulait pas que son Clan, ni que sa fille tombe malade. S'il perdait Nuage d'Ombres, il serait inconsolable. La voix faiblarde de la solitaire le ramena sur Terre.

- Tu es... Est-ce que tu es un Guérisseur ?

Le matou bicolore la regarda par dessus ses épaules de ses yeux émeraudes. Perspicace, cette femelle. Il était étonné. En même temps, la vitesse avec laquelle il avait annoncé son diagnostique était digne d'un guérisseur, même si le matou n'en avait guère la carrure .

- J'ai oublié de me présenté, désolé. Je me nomme Colère des Cieux, guérisseur du Clan de l'Ombre. Et toi ? Comment te nomme-tu ? Je ne vais pas passer mon temps à te nommé "Solitaire" le temps de ta guérison. On doit bien t’appeler d'une quelconque façon, non ?

Sans dire un mot de plus, le matou commença à marcher en direction des montagnes. Heureusement pour la femelle qu'il marchait ici par hasard, heureusement qu'il l'avait repérée avant une patrouille, sinon, il n'aurait pas donné cher de sa peau ni de celle de la patrouille dans quelques jours.

HRP:

Mâra a quelques difficultés à comprendre ce que lui dit le matou. Il faut dire qu'il parle vite, avec beaucoup de mots, et son esprit commence à perdre sa capacité logistique. Elle a l'impression que les sons n'ont pas de liens entre eux. Mais elle se concentre et saisit le gros du message.
Quelque-chose comme "Je suis Guérisseur des Cieux de l'Ombre et toi? Solitaire et guérison de façon".

Oui, a-t-elle envie acquiescer. Oui oui, tout ce que tu veux, pourvus que la canicule veuille bien cesser, parce-qu'elle commence à avoir vachement chaud, grâce à cette fourrure épaisse qu'elle a hérité de quelqu'un sûrement mais impossible de savoir qui puisque tout le monde est mort ou probablement de toute manière. Son souhait est entendu et un souffle glacé lui balaie le corps. Clan des trucs. Cela cessera-t-il un jour?
- Je suis Mâra du Clan Rouge, et je suis seule, mais je ne sais pas qui je suis car je suis plusieurs personnes à la fois, comme nous tous probablement mais est-ce que "nous tous" s'en rend compte?
- Ce que tu dis n'a aucun sens, soupira l'autre.
- C'est vrai, bredouilla-t-elle. Je dois être lourde. À porter aussi. Je veux essayer de marcher.
S'agitant sur son réceptacle rayé, elle réussit à poser une patte par terre. Immédiatement celle-ci semble s'enfoncer dans du sable chaud. Perdant l'équilibre, elle réussit de justesse à ne pas basculer, mais c'est comme si toutes ses forces s'étaient rassemblées dans cette unique action.
Mon Dieu, se dit-elle. Comme il est musclé. S'il n'est pas Guérisseur, il n'aura qu'à m'achever.

Colère des Cieux avait compris, dans le délire de la femelle, son nom : Mâra. Original comme prénom, mieux que son ancien à lui. Il secoua la tête, ne forçant à penser autre chose. Ce ne fut pas bien compliqué, surtout lorsque la solitaire glissa de son dos. Est-elle folle ou bien ? En tout cas, lorsqu'il la vit tomber, le mâle se précipita pour la rattraper. Le matou soupira et la remit sur son dos. Parlant plus lentement et de façon plus compréhensible.

- J'ai connu pire que devoir porter un chat. Inquiète-toi plus pour toi que pour moi.

Sans rajouter que que ce soit d'autre, le mâle reprit son chemin et sortit enfin de la forêt. Le plus dur était à venir, grimper la montagne et emmené la chatte à son repaire. Mais il y arriverait, forcément qu'il y arriverait, il devait le faire. Alors, le guérisseur commençait la dure ascension de la montagne. En fait, le matou se demandait bien comment il allait se faire accueillir au camp, avec sa malade sur le dos. Il aurait sans doute droit à un sermon de la part du chef.

[On s'arrête là et on reprend au camp ou tu veux répondre ?]

[ça me va pour le Camp]