Lune Glacée sentit son propre souffle se coupé en voyant Colère des Cieux s'effondrer, comment avait il pu être bête à ce point ? Le guerrier tabby se redressa sur ses pattes avant, forçant sur ses dernières pour qu'elle le maintienne ainsi, le manque de mouvements de ses derniers jours l'avait un peu affaiblis mais il insista jusqu'à ce que son corps cesse de trembler sur l'effort, puis, il poussa la graine de pavot vers le guérisseur et miaula d'une voix douce malgré son grave naturel.

- Prends là, tu t'es occupé des autres avant de venir ici, je le sais. Tu en as plus besoin que moi.

Le guerrier s’éloigna de sa couche, sa patte brisée trainant derrière lui même si, étonnamment, le jeune guerrier parvint tout de même à redresser un peu cette dernière sans déclencher une vive douleur, il ne força cependant pas pour ne pas briser son attelle et se contente de revenir se coucher sur sa couche, dans l'autre sens. Cette position lui sembla plus confortable et il se mit ensuite à regarder ses pattes.

- Je ne devrais pas être là ...

Le guerrier ferma les yeux, Nuage d'Ombre aurait du vivre encore, mais la maladie était visiblement plus traitre encore que l'avalanche. Au fond de la gorge du matou imposant, un grondement sourd monta, puis se tut tout aussi rapidement. Le félin ne voyait plus rien autour de lui, rien, sauf un chat qui lui ressemblait trait pour trait, ombre quasi invisible dans la tanière. Il le reconnu sans peine, chaton, ce guerrier de jadis, son ancêtre, avait tenter de le détourner de son clan pour lui apprendre le goût du sang et de la mort. Le guerrier se crispa, pourquoi le revoyait il après tant de lunes ?

Lune Glacée soupira, non, lui ne pouvait rien comprendre, lui avait été trahis par sa mère, lui avait quitter son clan avant même d'être apprenti, il avait errer avant que les Ténèbres ne l’accueille. Puis, il avait refermer a tout jamais son cœur dans une gangue de glace éternelle, si froide qu'elle en devenait brûlante. N'avait il donc jamais souffert lui aussi ? Et bien si, chaque jour s'était révélé être une suite de torture. Il ne pouvait oublier l'imposant félin qu'était son ancêtre, un ancêtre si vieux qu'aujourd'hui oublier de tous. De tous, sauf de lui. Le terrible Étoile de Tigre de jadis avait survécu des générations durant dans l'esprit de ses descendant, pour se faire oublié a jamais quand son portait cracher avait décider de l'effacer. Lune Glacée avait tirer un trait sur le chat sanguinaire, en devenant lui-même un chat appartenant au clan des tueurs.

Mais dans son cœur, l'Ombre avait survécu et c'est dans ce clan qu'il avait choisis de revenir une fois guerrier. Son regard ambré se durcit soudainement, pareil à celui, pernicieux, du renard. Colère des Cieux avait découvert la souffrance en perdant sa fille, mais le guerrier lui, connaissait la souffrance depuis ses premières lunes. Le guerrier feula soudainement.

- Même avec une patte brisé, je te retiendrais avant que tu ne tombe. Tu ignore a quel point la douleur m'est familière.

Le guerrier regarda la guérisseur sortir, dans son esprit déjà, moult idées brillaient, pareils à des lucioles. Mais son cœur lui, ne ressentait que le froid implacable du chagrin de celui qu'il considérait depuis peu, son ami. Aussi, le guerrier s'évertua il a bouger doucement sa patte arrière entre deux phases de sommeil et bien que l'exercice soit douloureux, sentir ses muscles répondre presque normalement lui fit du bien. Malgré tout, a aucun moment il ne brisa l’attelle et les multiples vagues de douleurs lui rappeler qu'il faisait bien. Quoi qu'un peu remis en place, ses os n'en restaient pas moins fragile. Aussi, quand le museau gris et à présent familier de Colère des Cieux reparu, c'est d'un ton neutre que l’accueillit Lune Glacée.

- Tu devrais toi aussi dormir ici, à voir ta tête, tu y aurait ta place autant que moi.

Lune Glacée soupira, ce que la journée pouvait sembler interminable, surtout coincé dans un arbre. Le félin remua la queue, comme pour chasser un insecte invisible. Au moins, cet empoté de guérisseur venait il de revenir lui tenir compagnie. Une compagnie guère réjouissante puisque les deux félins semblaient déterminer à pourrir la vie de l'autre.

- Oh ... Dommage. Et je te rappel que j'aurai trouvé une blessure de guerre bien plus réjouissante, faire la guerre avec une montagne de neige n'a rien de glorieux.

Le guerrier semblait avoir retrouver son calme habituel et dans son regard, on ne lisait ni colère, ni taquinerie. A vrai dire, on ne lisait plus rien d'autre que le froid habituel. Le genre de regard qu'on attribuait juste aux renards en somme. Le félin observa les gestes du guérisseur avant de finalement rajouté.

- Elle est comme tu l'as laisser, ce qui n'a pas été facile.

Cette fois ci, le ton était bien plus moqueur. Au moins, à présent, Lune Glacée voyait il sans mal toutes les réactions de son camarade. Même si son œil se troublait encore un peu face à la lumière. Lumière déclinante à cette heure ci dont les derniers rayons de chaleur peinait à réchauffer les chats. Lune Glacée se redressa pourtant, prenant soin de ne pas trop bouger sa patte arrière. Assis, il était plus à l'aise, et au moins sa tête n'avait pas besoin de se redresser pour regarder Colère des Cieux. Ce face à face lui rappelait qu'il n'était plus un apprenti depuis longtemps mais bel et bien un guerrier. Et sa musculature ne demandait qu'à retravailler au plus tôt, là où ses os protestaient encore un peu.

Lune Glacée attendait ce moment depuis des jours, presque une lune en vérité. A ceci près qu'il y a encore une lune de cela, sa patte trop fragile le portait à peine. Depuis, il passait ses journées à écouter Repos du Renard se lamenter et à s'étirer, poussant sur sa patte arrière dans de petit sauts pour la remuscler tout en douceur. Oh certes, Colère des Cieux avait très souvent râler en le voyant faire, mais le jeune guerrier têtu avait la sagesse de ne pas forcer et dès que le moindre signe de douleur arrivait, même infime, il s'allongeait et accorder le reste de sa journée à se reposer. En entendant les paroles du guérisseur, Lune Glacée s'ébroua pour chasser quelques aiguilles de pins de son pelage. Il ne se négligeait pas mais juste avant l'arriver du matou gris, il s'entrainer.

- Enfin, j'ai bien cru que tu allais me condamné à rester ici une lune de plus.

Le mâle imposant quitta sans se faire prier la tanière des anciens, retrouvant avec joie le camp et ses camarades. Et surtout, l'idée de patrouiller et de pouvoir de nouveau servir les sien suffisait à lui rendre de sa superbe. Car oui, il avait perdu en muscle et son poil était un peu plus terne, mais dans son regard jaune et inquiétant, on retrouvait ce calme silencieux qui annonçait que son esprit avait de nouveau recouvert tout son être d'une gangue de glace imperméable aux émotions.