Sujet: la reine les aime rouges.. ♦ (nuage du destin) Dim 7 Juin 2015 - 16:15
LA REINE LES AIMENT ROUGES
Fleurs, verts pâturages à perte de vue, grosses bestioles tachetées de couleurs différentes, voilà à quoi se résume ta journée d'aujourd'hui. Paisible et sans problèmes, si l'on omet ceux que tu causes continuellement aux autres quand ils ont le malheur de croiser ton putride chemin. Ta fourrure d'éclats solaire se mélange aux brins d'herbes, alors qu'avachi sur le sol, tu comptes les vaches qui te passent sous le nez. T'as appris à côtoyer ces bêtes là, et faut avouer qu'elles sont plutôt pépères, pour des quadrupèdes de cette taille. Elles se contentent de brouter alors que toi tu te prélasses sous un arbre, en quête d'une trouvaille pour remplir un peu plus ta journée. C'est beau comme vie ça, t'as jamais demandé plus. Une vie tranquille, une existence de pacha, à l'ombre d'un feuillage touffu qui vient abstraire ta jolie carrure aux caresses brûlantes de l'astre éblouissant de clarté.
Si seulement tous les jours pouvaient être comme aujourd'hui. Si seulement tu pouvais arriver à échapper à la vieille Gretel sans avoir besoin de remuer ciel et terre pour te trouver un abri. Il n'y a qu'ici, que tu es à peu près sûr d'avoir la paix, pour quelques heures tout du moins. L'ancienne elle aime pas trop s'aventurer entre ses gros mammifères, et à vrai dire elle a pas vraiment tord. C'est pas vraiment qu'elles sont dangereuses, mais un coup de sabot bien placé, et c'en est fini de toi, et des 21 grammes de ton âme. Juste un, et tu peux leur dire adieu, à tes pensées enracinées. T'auras même plus de quoi respirer. C'est triste quand même, de savoir que la vie d'un être se résume au fait de parvenir à ne pas finir la cage thoracique défoncée et les poumons écrasés. C'est con, vraiment très con. Mais c'est comme ça, la vie elle est vilement frivole. Elle vient aussi vite qu'elle ne s'envole.
« pourquoi, là est là question. »
Des pourquoi, encore et toujours des pourquoi. Des pourquoi de plus ou moins grandes ampleurs. Des pourquoi qui viennent fermenter dans la peur. Des pourquoi qui font que tu parles tout seul, sans vraiment t'en inquiéter. Des pourquoi teintés d'amertume, des pourquoi au goût de prunes, des pourquoi tellement puissant qu'ils finiront par atteindre la lune. Soudain, le tintement aiguë des cloches qui pendent au cou des bêtes vient perturber ton petit interlude. Tu en sursaute, les poils qui se hérissent visiblement sur ton échine, mais après avoir pris le temps de faire le tour du vert pâturage et des alentours, tu comprends rapidement que tu t'es fais du mauvais sang. C'est vrai ça, qui serait assez stupide pour venir par ici ? Excepté les bipèdes effarouchés et leurs chiens de bergers, t'as jamais croisé personne, et ce n'est pas aujourd'hui que ça risque de changer. Il fait chaud, l'astre est haut, si bien que t'as les poils qui collent à la peau.
Au grand jamais les félins n'iraient s'aventurer hors forêt, surtout vers ici, où le gibier est loin d'être abondant, faute aux vaches qui ne font pas spécifiquement bon ménage. Puis bon, ils ont toujours tendance à rester chez eux, si bien que tu es parfois obligé d'aller faire un tour là-bas pour trouver un peu de bonne compagnie. Les demoiselles ne courent pas les steppes sur les territoires libres, et à moins de s'approcher de la ville, on a peu de chance de faire de bien jolies rencontres. Suffit de jeter un œil à la femelle qui te sert de babysitter pour le déduire sans difficulté. Toutes affreuses et sans saveurs, du moins celles que tu as eu l'occasion d'apercevoir au détour des bosquets. C'est triste quand même, d'être obligé de jouer les aventuriers en territoires inconnus juste pour trouver la perle rare. Le bénéfice de la chose, c'est sans doute que ça te permet de souffler un peu, de voir d'autres choses, d'observer l'ailleurs, l'horizon, et tout cela au grès des saisons.
Le vent change soudainement de sens, et un léger fumet que tu ne connais que trop bien vient emplir tes narines attentives. En parlant de clans et territoires, voila les ténèbres qui débarquent. D'habitude, t'es plus à l'affût que ça, faut croire que tu te ramolli un peu en grandissant. C'est pas bon signe, mais au moins, tu n'as même plus besoin d'aller chercher ailleurs pour discuter, on vient à toi désormais. Si ça ce n'est pas beau, tu vois pas comment le définir autrement. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il n'ai pas eu à patrouiller aux endroits où tu as tendance à vadrouiller d'habitude. Ces chats forestiers ont tendance à se froisser assez rapidement, quand on vient flâner du mauvais côté de leur petite ligne imaginaire, si insignifiante à tes yeux. Tu devrais te méfier, mais tu as beau ne pas encore l'apercevoir, t'as confiance en ta chance, en ta force, ta souplesse. Puis ce n'est pas comme si c'était une horde entière, il a l'air seul, olfactivement parlant, alors tu en profites, autant commencer à taper la causette.
« bien le bonjour, l'aventurier. »
Cela pourrait s'avérer intéressant, si tu ne le froisses pas trop en le toisant de haut, comme tu as l'habitude de le faire avec la plupart des chats. Mais bon, seul dieu sait ce que te réserves cette bien belle journée.
Sujet: Re: la reine les aime rouges.. ♦ (nuage du destin) Dim 7 Juin 2015 - 17:07
Le premier sang
Nuage du Destin se glissa sous les barbelés avec aisance, là, il huma de nouveau l'air. Ce parfum, il l'avait mainte fois senti, mais ce n'était pas celui des vaches qui l'intéresser le plus. Non, les vaches n'avaient rien d'intéressant, a part peut-être le fait qu'on lui avait menti sur leur véritable nature. Profitant de son apparente naïveté, on lui avait fait croire qu'elle mangeait les chats. Mais depuis, l'apprenti avait grandi et appris. Il avait changé aussi, comme si l'esprit fou de sa défunte mère été parvenu à remplacer le siens, ou plutôt, à se fondre sous sa peau. Il restait pour tous le chaton dépressif et fragile avec lequel on joue aisément, le poussant de violent coup de patte, griffes sortie bien sur. Pourtant, sous cette apparente faiblesse s'était réveiller un esprit malin, manipulateur et observateur et surtout, une profonde curiosité pour la mort. Curiosité malsaine qui un jour, le rendrait peut-être tristement célèbre. Mais pour cela, il fallait déjà qu'il se soit résolu à tué autre chose que des proies. Or, pour l'heure, l'apprenti de Plume d'Or n'était là qu'en expédition curieuse. Ce parfum qu'il guettait justement, était celui d'un chat. Un solitaire surement, les domestiques étant bien trop froussard.
- Je crois que s'était quelque part par là ...
Nuage du Destin entrouvrit la gueule de plus belle, observant quelques mammifères imposant qui s'éloignaient de lui, l'imposante cloche à leur cou sonnant tel un glas morbide. Le poil légèrement hérisser, il les regarda fuir à pas pesant. Au moins, les vaches ne seraient pas vraiment un danger, cependant, le jeune chat se promit de ne jamais avoir à se trouver entre leurs pattes pataude. Le jeune chat se coula entre les herbes, trop rase pour la plupart pour complètement le cacher, malheureusement. Et son pelage silver tachetée ne serait sans doute pas le meilleur des camouflages sous le lourd soleil de ce printemps. S'était sans doute cela qui avait effrayer les herbivores aux pies gonflés de lait. Un miaulement soudain trouble le silence devenu un instant pesant, faisant se redresser les oreilles du novice qui gonfla un peu son pelage.
- Je savais bien qu'il y avait un autre chat ici.
Nuage du Destin gratta nerveusement le sol avant de baisser la tête, théoriquement, sa réputation le précédé souvent, et il était à ses yeux hors de question qu'on le voit différemment. La queue basse, il avança jusqu'à voir enfin le museau du chat qui venait de le saluer, puis, plus maladroit que jamais, il bafouilla bien volontairement. Nul ne devait savoir son terrible secret. Sa terrible envie de déchirer de la fourrure, de regarder le sang couler en un flot qui se tarit bien trop vite souvent. Et c'est sous ses airs un peu perdu qu'il posa ses doux yeux vert innocent sur le matou.
- Bon... Bonjour.
Nuage du Destin regarda à la dérobade le mâle roux dont les yeux émeraude semblait emplit d'un certain bonheur. Simple illusion ou interprétation de l'esprit ? Nuage du Destin ne saurait le dire, mais au moins, il n'avait pas face a lui un matou froissé prêt à le déchiqueter. Sa propre mort n'intéresser de toute façon pas l'apprenti gris. En revanche, faire de cet inconnu sa victime était une graine qui venait de se planter dans son esprit rendu malade par l'ignorance, la frustration, la peur et que sait on d'autre. Mais pour l'heure visiblement, l'atmosphère tend davantage vers une discutions badine.