C'était un matin froid d'automne. Des feuilles teintées de rouge et d'orange glissaient dans l'air et atterrissaient sur un sol couvert. Je suivais, depuis quelques heures, un petit chemin tracé par les cerfs peut-être ? Les bipèdes ? Mon jugement de chaton ne pouvait en dire plus. Je trottais, la tête basse sans but, attendant la nuit. J'avais bien essayé d'attraper une ou deux proies, mais mes fines pattes refusaient catégoriquement d'avancer plus rapidement. Elles semblaient me narguer, danser devant mes yeux endormis.
Le chemin devint de plus en plus large, de peur de rencontrer quelque chose, je décida de le quitter et de m'enfoncer aveuglément au cœur de a forêt. Les arbres devenaient de plus en plus nombreux, voilà ce que je cherchais. Pour la première fois, je traçais mon propre sillon dans les feuilles mortes.
J'étais sur le point de m'effondrer lorsque je vis se dessiner à l'horizon une forme. En plissant des yeux, on distinguait bien un amas de grosses pierres. Rien de spécial, bien sûr, mais je voulu tout de même m'en approcher. Peut-être y avait-il quelqu'un ? Mais voilà le problème, rien ni personne ne s'était installé ici. J'en fis plusieurs fois le tour avant de remarquer la petite fissure qui s'était formée entre deux roches, juste assez grande pour laisser entrer un petit chat. Même si je savais qu'il n'y aurait personne, je regarda un peu partout avant d'entrer, juste au cas où. L'intérieur était plus spacieux qu'on pouvait l'imaginer. La terre était un peu creusé et permettait de se tenir debout. Il y avait juste assez de place pour faire un pas de chaque côtés. Blotti tout au fond, il y avait un lit d'herbe jaunie. Une partie des brins et un peu de terre était teintée de rouge foncé. Je n'étais pas la première personne à explorer ce trou. Cette scène me donnait de ses frissons.. C'était troublant. Néanmoins, je m'installa dans un coin, juste à côté de l'entrée. Le froid me paralysa et je m'endormi avec la pire des difficulté.
Tout était flou. L'herbe, parsemée de petite fleur blanche se perdait à l'horizon. Un chat clair, presque transparent était assis devant moi. Ses yeux d'un vert forêt étaient impossible à détacher. Il était calme et détendu.
«Il s'est passé des choses affreuses dans cette grotte»
Sa bouche ne bougeait pas mais j'entendais sa voix dans ma tête. Je changea d'endroit et me retrouva exactement à l'emplacement ou je m'étais endormi, mais cette fois, un chat était à l'agonie dans le trou. Quatre nouveau-nés reposaient, inertes de chaque côtés de la femelle. Un des petits éternua et la chatte sursauta. Elle ramena le chaton près d'elle et regardant l'entrée du trou, anxieuse. Une ombre cacha le rayon de soleil qui éclairait la petite caverne. On entendit les pas s'éloigner, puis, plus rien. Elle baissa la tête, découvrant une profonde plaie sur le cou. Elle en portait une autre sur flanc et il lui manquait un petit bout de sa queue.
«Sa blessure au flanc a provoqué la mise à bat. Les petits sont prématurés.»
Uns des chatons, celui au pelage roux miaula. La femelle le ramena vers elle exactement comme l'autre petit, les autres miaulements furent étouffés dans son long pelage écaille. Elle ferma les yeux. Les pas revinrent et se concentrèrent juste en avant du trou. On entendit grogner sourdement et une longue patte rousse gratta le sol creusé de la caverne. La femelle sauta et mordit violemment l'intrus. Elle avait poussé sa portée dans le nid et se défoulait sur tout ce que le renard essayait d'entrer. Au bout de quelques secondes, il fini par la tirer hors du trou. Je ferma les yeux et avala la rage qui montait en moi.
Je me réveilla en sursaut. Le rayon de soleil éclairait les restes du passage de la portée.Je la regardait maintenant d'un autre oeil, vengeur. Des bruits se firent entendre à l'extérieur de l'amas de pierre. Je savais qu'ils me repéreraient et j'avais raison. Ils se dirigèrent vers moi. Je ne détourna pas le regard du tas de brins d'herbes.
- Ça va, petit ?
Un chat avait entré sa tête par l'ouverture et me regardait d'un air bienveillant. C'était contraire à ce que j'avais toujours cru, des chats sanguinaires et égoïstes. Je ne répondis  rien mais j'avais tourné mon regard vers lui. Il sembla troublé, comme moi lorsque j'avais vu le félin dans la clairière.
- Raconte-nous ton histoire, petit.