L'herbe sous ses pattes le rassurait. La douceur maternelle avait quitté sa vie, autant la remplacer comme on pouvait. La lueur de la lune et le vent semblaient transformer les prairies en un océan argenté. Océan, un mot que les vieux chats errants ne mentionnaient que rarement. Seul les vaines descriptions de vieux matous donnait une vague images de cette étendue déserte. Similaire au doux vide que s'étendait sous ses yeux. Une rafale de vent ébouriffa la fourrure du petit. Sa mère lui manquait. À dix minutes de marche à sa gauche, une forêt de cèdre. Quelques souvenirs lui revenaient parfois; sa mère lui racontant son ancienne vie parmi un groupe de chats. Elle n'avait jamais voulu lui dire pourquoi elle les avaient quittés. Pourtant, ça devait être le paradis, de manger à sa faim, pouvoir parler à d'autres personnes. D'autres personnes que sa mère, des personnes autres que toujours cette mère qui l'avait abandonné au pied de cette route puante et collante. Qui l'avait abandonné au pied de ce sombre tracé en lui disant qu'il y avait à manger de l'autre coté. Qui s'était enfui sans bruit, sans un sanglot, sans la moindre tristesse. Il ne l'avait pas cru, des paroles n'illustrent pas toujours la réalité. La réalité est toujours différente des paroles. Les paroles ne servent qu'à tromper les autres. Boule de Sève ferma les paupières. Il ne les réouvrit que lorsque qu'un bruit provenant de la bande puante attira son attention. Une assemblée de chats longeait celle ci.