La femelle noire observait le visage d'un bébé qui pleurait, ses parents s'étaient absentés quelques instants dans l'immeuble pour trouver quelqu'un qui aurait un biberon, le leur ayant mystérieusement disparue. La femelle était donc perché sur la hanse du landau et observait l'enfant pleurer comme une curieuse bestiole. Elle leva une patte et la posa sur la joue du bébé qui s'arrêta de pleurer sur le coup, surpris de trouver un truc tout poilu et tout doux devant lui. Il leva alors ses petites mains potelés pour attraper le chat qui lui faisait face. La minette retira sa patte et observa le bébé remuer ses bras pour l'attraper. Avançant de nouveau sa patte, elle tapa une des petites mains de la petite créature et cette dernière rigola. La chatte noire recommença alors et l'enfant rit de plus belle, les parents qui n'entendaient plus leur bébé pleurer avaient rappliqué en grande vitesse et lorsqu'il virent le chat noir, le chassèrent rapidement. L'agitation provoqua de nouveau les pleurs de l'enfant et la minette en profita pour s'enfuir, sautant sur le balcon et descendant ainsi, sa tête se balançant dans un rythme lent et régulier, elle retournait dans la forêt, auprès de son clan, riant d'avance à leur réaction lorsqu'ils sentiraient l'odeur humaine sur elle.

Qu'en pensez vous ? Suis-je folle ? Démente ? Complètement tarée ? Ou suis-je simplement perdue, dans cette mer houleuse qu'est mon esprit. Il se tord, il se glisse, remue, se casse, se brise et se reforme pour mieux brûler, pour mieux se consumer parmi l'ombre qui plane inlassablement au dessus de ma logique et de ma sérénité. Ma logique devient l'illogique des autres. Ma sérénité devient la folie d'un groupe. Mon esprit se tord de nouveau, inlassablement, cherchant une logique bancale, une logique pour me satisfaire. Il se brise parce qu'il ne la trouve pas, parce que je suis trop compliquée pour m'en satisfaire, et ma folie, cette gloutonne, n'en fait qu'une bouchée, pour laisser dans le désert stérile de mon esprit, l'ardent brasier d'une folie logique, d'une insomnie sereine et d'une banalité affligeante.
Alors, à votre avis, suis-je folle ? Ou suis-je seulement tombée chez les mauvaises personnes pour me comprendre ?

Les grands yeux blanc de la femelle observe autour d'elle, un air guilleret peint sur son visage. La femelle sautille, s'élance, faisant se contracter les muscles fin de son corps. Son pelage noir reflète la lune alors que son rire clair résonne dans la forêt. Ses longues pattes frappes le sol à intervalle régulier et sa longue queue se tord dans un rythme qu'elle seule connaît. Sa tête se balance de droite à gauche alors que l'eau noir du lac près d'elle attend patiemment qu'elle trébuche pour qu'il puisse ainsi l'engloutir, cette folle femelle qui tourne insouciamment sur elle même près des eaux mystérieuses et dangereuses du lac. Son fin museau s'approche de la surface pour en laper l'eau du bout de sa langue rose et soudain la fine silhouette noire s'éloigne de son pas guilleret, suivant un chemin invisible pour rentrer chez elle.