De tous côtés, de tous Clans, tous sont d'accord. Rien n'est plus beau et merveilleux que les Champs du Paradis. Car ici, dans les hautes tiges de végétation dorée chargées de graines, vivent des millions de rongeurs, des centaines d'oiseaux et même certains beaux lapins. Ici, c'est comme si la moitié des proies de la sphère s'étaient données rendez-vous. Les herbes d'or s'agitent dans le vent en produisant le bruit de la mer, le soleil n'a jamais été aussi chaud en été, vous pouvez sentir chaque poil de votre fourrure lorsque les tiges dures des blés se prennent à l'intérieur. Ici vous êtes libre de vivre et de manger lorsque bon vous semble, de choisir votre type de proie et même de faire le difficile. En un mot, le paradis terrestre.

Et ça les chats l'ont bien compris, un territoire comme celui-là est bien trop beau, bien trop extraordinaire pour être attribué à un seul Clan. Car il en faudrait peu pour que les Champs du Paradis se transforment en enfer (blague facile). Il y a deux Champs, séparés par un chemin du Tonnerre. Ils sont parfaitement au centre de la sphère donc en plein sous les feux du soleil lorsqu'il est à son zénith. L'ennui... c'est qu'avec cette place centrale, tous les Clans à l'exception de l'Ombre possèdent une frontière qui donne sur ces Champs. Tous pourraient revendiquer ce territoire, et si l'un d'eux s'en emparait pour profiter seul des ressources du Paradis, soyez assurez que tous les autres lui déclareraient immédiatement la guerre et l'Ombre, bien qu'en arrière, ne serait sûrement pas le dernier à le faire. Aussi cela fut-il clairement dit lors de la toute première Assemblée des Clans dans la sphère. Les Champs du Paradis resteraient neutres afin que chacun puisse profiter de ses richesses et si la plupart ont avancé le fait qu'il n'y avait pas assez de proies, même au Paradis, pour tous les Clans, je peux vous assurer qu'on a jamais vu les Solitaires plus heureux que ce jour là.

Malheureusement, le Paradis perd sa superbe chaque hiver. Les Bipèdes ayant profité de la fin de l'automne pour faucher les blés, il ne reste plus sous la neige que les restes meurtris de tiges pointues qui n'attendent que l'occasion de vous blesser en traître. Quant aux proies, sortez les griffes, si vous ne creusez pas, vous n'en trouverez pas. Rassurez-vous cependant, au printemps, lorsque les blés repoussent verts, les souriceaux ressortent de leurs tanières l'été suivant, vous aurez l'impression de voir plus de proies que jamais et cela chaque année. En automne, méfiez-vous bien. Les Bipèdes passent sur leurs monstres pour couper tous les blés et les enrouler sur eux-mêmes. Soyez rapide, vous n'aurez que quelques semaines pour chasser les rongeurs en fuite avant que la majorité ne disparaisse.

Lorsqu'il pleut, les blés se couchent, les souris se cachent, mais le Champ garde ses teintes dorées. Sous la neige, le paysage devient morne, presque sinistre, comme si toute vie était morte en même temps que le Paradis.

En résumé : Vous croyez qu'il est impossible d'être gras et heureux dans la nature ? Cervelle de souris que vous êtes !

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